Friday, December 26, 2008

Manfred

Une bien belle journée…

La guerre… interminable pour beaucoup, elle ne l’est cependant plus pour bon nombre d’entre nous, et ce, de jour en jour. 

Aujourd’hui devait être la plus belle journée de Wolfram, mon cousin.Nous sommes le dimanche 21 avril, la brume matinale avait attendu onze heures avant de se lever, laissant entrevoir un temps idéal pour voler. Wolfram allait enfin connaître la consécration, le moment qu’il avait attendu de longs mois, voler avec la Jagdstaffel 11, à moins que ce ne fût celui de partager le ciel avec moi et mon frère, Lothar. Je me demande même s’il en avait dormi de la nuit tant il paraissait excité ce matin au petit-déjeuner.

A onze heures quarante-cinq, lorsque nos hélices commencèrent à émettre ce bruit assourdissant que j’aime tant, je me suis rappelé mon premier vol. Wolfram devait avoir le cœur serré, mal au ventre, et surtout ressentir les premiers effets de l’adrénaline gagnant l’ensemble de son corps. Comme je l’enviais… avec le temps, ces douces sensations s’estompent… c’était bien qu’il soit là, avec nous ce matin. Un dernier coup d’œil à droite, près du mess, Moritz, mon chien, un dogue d'Ulm, était bien là, fidèle au rendez-vous, on pouvait donc décoller.

Aujourd’hui, nous n’avons pas dû attendre longtemps, nos « amis » étaient bien au rendez-vous et quelle ironie pour Wolfram, qui avait toujours eu peur des chameaux, allez savoir pourquoi, nous étions en face de quelques Sopwith Camel de la RAF.

Avec leurs nez rouge, pas de doute, c’était bien l’escadrille 209, de bons pilotes, pour un baptême de l’air et du feu, il allait être servi. Je fis signe à Wolfram de rester un peu à l’écart, ainsi, il pourrait observer sans s’exposer inutilement dans ce combat qui ne lui apporterait rien de bon.

Après quelques minutes seulement, un Camel prit Wolfram en chasse, il fallait que j’aille l’aider, seul il ne pouvait s'en sortir, pas lors d'un premier combat avec d'aussi bons adversaires. Le Camel ajustait déjà son appareil depuis de longues secondes, crachant des rafales d’obus plus longues les unes que les autres, la manœuvre semblait hésitante, ce pilote ne devait pas être très expérimenté, mais à ce train là, il allait finir par le toucher. 

Je pris le Camel à mon tour en chasse et ouvrit le feu, ce fût suffisant pour le faire hésiter, lui faire peur sans doute, mais en changeant de trajectoire, il permettait aussi à  Wolfram de s’éloigner du combat. Je le vis me faire signe avec son pouce levé, tout allait bien, et c’était là le principal, à mon tour je lui fis signe de rentrer sans plus attendre vers nos lignes.

Quant à moi, j’avais un compte à régler avec ce Camel…

Après quelques secondes seulement, j’étais déjà derrière lui, ce qui confirmait ma première impression, ce pilote était un novice. Une première rafale alla perforer son aile droite de quelques dizaines d’orifices, et alors que je faisais feu une nouvelle fois, à mon tour je vis une rafale trouer mon aile gauche, j’étais la cible d’un deuxième Camel !

Deux contre un, le combat devenait était un peu inégal, je décidais donc, après quelques manoeuvres dignes de haute voltige de prendre congé de mes deux « amis », qui partaient également de leur côté. Les occasions ne manqueraient certainement pas de nous revoir dans un avenir proche de toute façon.

La Chevalerie moderne se passait dans les airs à notre époque, et c’était bien ainsi, surtout en temps de guerre.

Il me fallait rentrer maintenant, j’espérais juste que Wolfram, Lothar et nos 7 autres équipiers s’en seraient sortis indemnes aujourd’hui. Moritz, comme à son habitude, aboyait déjà depuis trois minutes avant que nos mécaniciens ne purent voir les ailes de nos avions.

Un, deux, trois… quatre, cinq…. six… sept, huit…. neuf ! , Il en manque un !!!

Wolfram est bien rentré, la peur au ventre, mais rien qui ne l’empêcherait de repartir plus tard dans l’après-midi ou le lendemain. Lothar s’était également posé sans encombre.

Quatre heures plus tard, Moritz avait déjà fait douze fois le tour des avions rentrés, mais plus rien n’y changera, aujourd’hui, il était écrit qu’il en manquerait un.

Le Fokker triplan DR1, n° 425/17 tout de rouge vif vêtu s’était aventuré un peu trop loin au-delà des lignes anglaises.

A son retour, alors qu’il survolait une des lignes les mieux défendues du front, les batteries anti-aériennes anglaises, ainsi que les soldats australiens présents firent feu de tout bois sur l’appareil. Celui-ci se posa sans trop de dégâts à proximité des lignes ennemies, à Vaux-sur-Somme, mais le pilote ne survécût pas à ses blessures.

C’est donc par cette bien belle journée du dimanche 21 avril 1918, après 80 victoires en combat aérien que moi, Rittmeister Manfred Albrecht, Baron von Richthofen, né à Breslau le 2 mai 1892, l’As des As, le Baron Rouge, connu enfin la fin de cette guerre à mon tour.

Friday, July 25, 2008

Valérie

Un jour, il faudra que tu m’expliques comment tu peux avoir les mains aussi douces.
C’est dingue quand même, depuis le temps qu’on se connaît, j’ai toujours pas compris comment tu fais.
On dit toujours que la peau des bébés est ce qu’il existe de plus doux au monde, et jamais je n’oserai demander à quelqu’un de comparer de peur de faire tomber un mythe né dans la nuit des temps.

J’adore te prendre la main, que ce soit la gauche, la droite, cela ne fait aucune différence, je les caresserai pendant des heures.

En glissant mes doigts sur le dos de ta main, en les descendant ensuite le long de ces doigts interminables, sans oublier de passer au dessus de tes superbes bagues, et je ne dis pas ça parce que j’y vois ma bague de fiançailles et notre bague de mariage, tu me connais… le voyage se termine toujours sur le vernis de tes ongles, toujours impeccables, ni trop longs, ni trop courts.

Tu savais que tu pouvais faire mannequin pour certaines parties de ton corps seulement ?
J’ai lu un article là-dessus de la semaine dans un magazine, et à coup sûr, les plus grands joailliers te choisirais comme support pour leur bagues, je suis prêt à le parier !

Par contre, pour les produits de maquillage, tu causerais leur faillite à tous tant tu n’en as jamais eu besoin.
Ton visage est tellement doux, c’est dire si le niveau est déjà difficile à battre, mais ton regard, tes yeux… rien que de les regarder, j’en tremble encore.
Je n’en ai jamais vu d’aussi parfaits, leur couleur, leur forme, leur contour, cils et sourcils… cet ensemble là vaut aux miens tout l’or du monde, et si nous n’étions pas mariés depuis si longtemps, promis, je te drague !

Je ne parle même pas du dessin de ta bouche, en fait, je dois y passer tellement de temps, que je me demande vraiment si nos amis ont la moindre idée de ce à quoi elle ressemble.

J’allais oublier ton nez, mais la seule qui t’aurait à coup sûr jeté un sort, c’est Cléopâtre car si elle est (en partie) entrée dans l’Histoire, c’est aussi grâce à cet atout… tu l’aurais balayée de tous les dictionnaires

Quant à ta coiffeuse… au début, je dois t’avouer que j’étais un peu jaloux.
Je me suis même demandé si je n’étais pas avec le temps devenu possessif, tant tu passais du temps chez elle, mais cela aurait été une injure à ta fidélité et cet amour indescriptible qui nous unit depuis si longtemps.
Ceci dit, quand je te regarde avec toutes ces mèches de couleurs différentes, savant mélange de blond, brun, roux, il faut rendre à César ce qui appartient à César (Cléopâtre aurait apprécié que je le mentionne je pense…), c’est presqu’une œuvre d’Art tant c’est beau et vivant au contact des rayons du soleil.

D’ailleurs, tant qu’on en parle, on peut bien le remercier aussi celui là… 2 heures à peine dehors suffisent pour que d’un coup de baguette magique, il satine ta peau couleur miel, du plus bel effet s’il en est.

Tu sais que je commence sérieusement à te soupçonner de magie, bien plus blanche que noire, pour ainsi rassembler naturellement l’ensemble des Eléments à ta cause.

Je pourrais parler du reste de ton corps, mais je risque de faire rêver le commun des mortels tant tu es… belle, parfaite.
Donne-moi une feuille, un crayon, et sur base de la perfection, je te dessine telle que tu es en moins de cinq minutes.

Maintenant que j’y pense, tu serais une Elfe, voire, soyons fou, une Fée déguisée en humaine que je ne serai qu’à demi surpris.

Rien à faire, il me suffit de te regarder pour penser… « Je t’aime ».
J’ai dû te le dire moins d'une fois sur cent que je l’ai pensé, mais rien à faire, même si cela est universel et semble tout dire, ces quelques mots me semblent bien dérisoires en regard de l’émotion qui me submerge à chaque fois que je te regarde.

Il paraît que ça se voit d’ailleurs, j’ai été trahi par ce petit sourire qui se dessine au coin de mes lèvres quand mon regard s’attarde sur toi.
D’après de récentes statistiques, tu remercieras tes copines et mes potes, ils sont maintenant près de soixante-quatre à le penser… très fort.
Tu peux être fière de toi, tu as fait de moi quelqu’un d’heureux.

D’ailleurs, tu vois, il est de nouveau là ce petit sourire… il suffit que je te regarde pour qu’il apparaisse, une réaction chimique, voire physique certainement.

Quoi ? Tu ne le vois pas ? Tu dois bien être la seule, à moins que… attends, c’est normal, il y a de la pluie qui le cache, voilà, c’est effacé, c’est mieux non ?

Comment ?

Désolé ma chérie, je dois te laisser, ils doivent refermer ton cercueil maintenant, tu me manques déjà... tu n'as même pas idée.